Anti Addictions
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06 août 2007

La Télévision est une drogue

Je n’ai qu’une vie. Je ne la regarderai pas passer, par procuration, comme un zombie, devant un poste de télévision. Je veux me sentir exister, furieusement. Je veux ressentir le bonheur, la tristesse, intensément. Je veux percevoir le chaud et le froid, les parfums et la sueur, les rires et la fatigue, sans écran. L’assommoir télévisuel, cette camisole à mon énergie, cet étouffoir à sentiments, ne m’anéantira pas. Je veux tout, je n’attends rien, le monde s’offre à moi.

La moyenne quotidienne de télévision par Français est actuellement de 3 heures 20. Après une journée de travail et plus de trois heures devant le poste, le temps consacré à la vie sociale, civique, à la création... ne peut être que marginal, sinon inexistant. La critique de la télévision ne peut donc se limiter à son contenu et doit le dépasser pour s’interroger sur le média en tant que tel. La télévision constitue un miroir pour notre société. Le briser ou le condamner ne changerait pas le visage de notre civilisation. " Changeons, et la télé changera ". Eteignons-la, et la vie commencera.

Mais vivre, c’est difficile. Il est tentant de chercher à échapper à la condition humaine. Cocaïne, héroïne et haschisch demeurent des moyens prohibés pour atteindre des paradis artificiels. Prozac, alcool et télévision permettent, eux, de fuir la réalité sans enfreindre la loi.

Si nous devions classer comme drogue un produit synthétique inhalé entraînant une dépendance, la télévision n’entrerait pas dans cette catégorie. Pourtant, sans apparente action chimique, la télévision conduit à des phénomènes d’assujettissement comparables à ceux liés aux drogues dures. Voici plus de dix ans, une équipe d’un hebdomadaire de télévision proposait dans un quartier à des volontaires de rendre leur poste pendant une semaine. Seule une minorité de candidats parvinrent au bout des sept jours sans avoir récupéré leur précieuse boîte. Certain-e-s ne tinrent pas une journée. D’autres, honteux et honteuses, louèrent des postes en cachette.

La télévision a ceci de particulier par rapport aux autres médias qu’elle laisse son spectateur totalement passif. A aucun autre moment de notre existence, nous ne sommes aussi inertes, même dans notre sommeil, car les rêves y sont le produit de notre imagination. Contrairement au cinéma, où la lumière est projetée sur une toile, le poste de télévision la projette directement sur la spectatrice ou le spectateur. Le scintillement de l’image engendre un phénomène hypnotique.

Nous regardons la télévision. Nous l’écoutons peu. L’image y est reine, et la forme prime tout. Le pouvoir y appartient aux apparences. Ne pas être conscient de cette règle de base peut conduire à desservir son propos pour celui qui est amené à y figurer. A la télévision, on est manipulé ou on manipule.

La télévision est un prisme. Elle nous évite de réfléchir, de nous poser des questions existentielles. Elle nous évite de les accepter det de les affronter. A force de fuir dans l’illusion au travers de cette glace, nous devenons incapables d’affronter la réalité qui se trouve derrière la fenêtre. C’est en fin de compte un véritable refus de la vie.

Source : Télévision, le contrôle social chez soi

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Publié par Fabrice Retailleau Copywriter :: 08:42 ::
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